La Fabrique del’Opéra du Capitole

Dans le superbe écrin du réfectoire du Couvent des Jacobins, en partenariat avec l’Opéra national du Capitole de Toulouse, cette exposition vous enchantera, que vous soyez passionné d’art lyrique, amateur éclairé ou totalement néophyte !

Le saviez-vous ? En 1954, à la suite de fortes chutes de neige, le toit des ateliers de l’Opéra du Capitole s’effondre. Spacieux et bien situé, le réfectoire du Couvent des Jacobins va alors héberger ces ateliers, et ce pendant vingt-sept ans ! Cet été, il accueille une exposition immersive qui présente les métiers et le savoir-faire de « la Fabrique de l’Opéra ». 

Vous rentrez dans les coulisses de la préparation des grandes productions. Happé de présentoirs en tables d’ateliers, entre panneaux explicatifs et décors géants... vous voici au cœur du processus !

Les décors

Plusieurs années de travail sont nécessaires avant qu’un opéra puisse voir le jour. Une fois la programmation décidée dans le bureau de la direction artistique et le metteur en scène, le scénographe et les interprètes sont choisis, il faut imaginer les décors puis vérifier leur faisabilité. 
Au moins un an avant le spectacle, l’équipe de production remet une maquette des décors envisagés aux directions artistique, technique et administrative de l’Opéra, en expliquant le projet et en justifiant les choix artistiques. De nombreuses maquettes sont à découvrir, comme celle, sublime, pour « Les maîtres chanteurs de Nuremberg » (acte II, la ruelle), avec ses maisons à pans de bois, ses boutiques et ses arbres.

Une fois le projet validé, les équipes réalisent les plans de construction, commandent les matières premières, confectionnent les structures en métal et en bois, fabriquent des éléments en matériaux composites, puis montent le décor sur scène. Les contraintes sont nombreuses : à la fois solide et léger, le décor doit permettre les entrées et sorties des artistes. 
Durant l’acte III de l’opéra « Le Roi d’Ys », la ville est envahie par les eaux. Le bureau d’études a réalisé une maquette (visible dans l’exposition) pour travailler l’arrivée et l’évacuation de l’eau, et tester l’étanchéité de la structure.

Tous les décors passent par l’atelier de peinture. Les peintres sont de véritables spécialistes en effets spéciaux : ils imitent la brique, la pierre, le bois, le métal, le vieillissement des matériaux… Une « brosse à ciel » pour créer les nuages est exposée à côté d’une « brosse à feuillage ». 
Les ateliers de serrurerie (pour les charnières, grilles, fixations…), de menuiserie (planchers, podiums, portes, fenêtres, meubles…) et de sculpture (de polystyrène, de plâtre…) vous ouvrent leurs portes.
L’immense escalier de l’Acte II pour l'opéra de Wagner « La Walkyrie » trône dans le réfectoire, ainsi que les mains géantes pour « Rusalka », acte III, opéra de Dvorak dont un prototype en moulage à échelle réduite est visible sur une table d’atelier.

Les costumes

En moyenne, 500 costumes sont confectionnés chaque année. Une trentaine de petites mains y travaillent, dans deux ateliers de couture bien distincts : le tailleur et le flou. 
L’atelier tailleur réalise les costumes masculins : des pantalons, vestes, manteaux. Sur la table, les aiguilles côtoient les dessins d’inspiration, les coupons de tissus, les ciseaux, le fer à repasser, le mètre ruban…
L’atelier flou s’occupe des costumes féminins. Son nom vient de la méthode de réalisation de vêtements souples et déstructurés en matière fluide, comme les robes. 
Le stretch est également utilisé pour les costumes des danseurs de ballets.

La fabrication d’un costume est un procédé long et méticuleux. Ici, le costume d’épouse pour « Le Prophète » a nécessité 50 heures de travail par l’atelier flou. Là, le costume pour l’Infante, sur le ballet la « Reine morte » a demandé plus de 150 heures de travail : il s’agit en effet d’une structure métallique recouverte de crin brodé de fil d’or, qui glisse sur le sol grâce à des roulettes et dont la danseuse peut s’extraire sur scène. Pour un tutu, il faut généralement compter 70 heures.

Les perruques, bijoux et maquillage

L’opéra du Capitole abrite l’un des derniers ateliers de perruque et maquillage de France. Une dizaine d’artisans et quatre apprentis fabriquent, colorent, coiffent et arrangent ces chevelures. La confection d’une perruque est entièrement réalisée à la main et nécessite 40 à 60 heures de travail en moyenne. 
L’atelier réalise des perruques de styles et d’époques très différentes, comme celles demandées par Christian Lacroix pour l’acte III de l’opéra de Verdi « Un ballo in maschera ».
C’est également ici que sont créés les diadèmes, les colliers, les ceintures, mais également des prothèses, cicatrices, blessures et faux sang.